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Le Kiosque aux Canards
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Et encore une étude qui confirme le solde positif de l’immigration

Et encore une étude qui confirme le solde positif de l’immigration

 

 

 

 

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Selon un récent sondage Viavoice-BPCE-Les Echos, les Français placent l'immigration au neuvième rang des préoccupations qu'ils veulent voir abordées par les candidats à la présidentielle. Loin derrière l'emploi (52%), le pouvoir d'achat (42%), avec 11% seulement des suffrages. Et pourtant, le sujet reste prédominant à droite, exacerbé récemment par les tueries du Sud-Ouest. Pour certains candidats, une partie des maux de la société française serait due à l'immigration, du point de vue économique notamment.

 

 

Le livre L'immigration coûte cher à la France, qu'en pensent les économistes?, de Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, aux éditions Eyrolles et Les Echos Editions, permet de revenir sur un certain nombre d'idées reçues.

 

 

 

La France accueille 200.000 migrants par an, expliquent-ils, ce qui en fait un des pays les plus fermés au sein de l'OCDE. Seul le Japon, réputé pour être très hermétique, fait mieux. Et d'indiquer que le solde migratoire, de 1,2 ‰, "c'est environ deux fois moins que celui observé au cours des années 1960, dans notre pays et d'un niveau incomparable aux sommets atteints par certains de nos voisins tels que l'Allemagne (10 ‰) , le Royaume-Uni (5 ‰) et sans aucune mesure avec les taux espagnols du début des années 2000 (15 ‰)".

 

 

 

Lionel Ragot est professeur d'économie à l'université d'Evry, conseiller scientifique au CEPII et chercheur associé à la chaire de Transitions démographiques, transitions économiques de la Fondation du risque. Il répond aux questions de Challenges.

 

L'immigration s'inscrit au cœur de la campagne électorale au risque de véhiculer de nombreux fantasmes, exagérations et clichés. Quel est votre sentiment général face à la place prise par ce sujet dans les débats ?

 

- Le poids de l'immigration dans le débat public est inversement proportionnel à ses impacts économiques. L'immigration est devenue un enjeu majeur de la campagne électorale. Et pourtant son impact économique est relativement neutre. C'est ce que j'essaie de montrer avec Xavier Chojnicki dans notre ouvrage. Nous reprenons les grandes questions et les a priori véhiculés sur l'immigration et les confrontons aux travaux menés par les économistes sur ce sujet.

 

 

Vous montrez notamment que les immigrés, contrairement à une première idée reçue, ne sont pas à l'origine de la stagnation des salaires…

 

- L'immigration est de plus en plus présentée en France comme une des causes du nivellement par le bas des salaires des personnes peu qualifiées. Aux Etats-Unis, elle est avancée comme étant la principale source de la montée des inégalités salariales notamment avec l'arrivée dans les années 80-90 d'une main d'œuvre sud-américaine et asiatique peu qualifiée. Toutes les études montrent que l'arrivée d'immigrés a eu en fin de compte un impact relativement limité sur les salaires des natifs, tant aux Etats-Unis que dans les pays européens.

 

 

Pour donner un ordre de grandeur de cet effet, en prenant l'exemple de la région Ile-de-France, l'arrivée de l'équivalent de 1% de la population active francilienne, soit 64.000 travailleurs immigrés, réduirait le salaire mensuel moyen entre 3 et 17 euros environ. Nous citons également trois études basées sur des expériences naturelles: à savoir l'afflux de Cubains à Miami, le retour des Pieds-noirs en France après l'indépendance algérienne, et l'arrivée massive d'immigrés russes en Israël. Ces trois chocs migratoires ont eu des effets modérés sur les salaires et le chômage.

 

 

Les immigrés "volent-ils" le travail des Français comme certains politiques peuvent le laisser entendre ?

 

- Cette question est prédominante et plus ancienne que celle des salaires en France. Les études que nous citons montrent une nouvelle fois que l'immigration a peu d'effet sur le taux de chômage des natifs. L'immigration ne fait pas augmenter le chômage parce qu'elle agit sur la demande de biens et de services et par ricochet sur l'emploi. Les immigrés entrent d'autre part dans une relation de complémentarité plutôt que de substituabilité avec les autochtones. Ils permettent par conséquent d'apaiser certaines tensions sur le marché du travail. Si concurrence il y a, elle se situe davantage entre anciennes et nouvelles vagues d'immigrés.

 

 


Vous revenez enfin sur l'idée préconçue selon laquelle l'immigration pèse sur les finances publiques…

 

 

- Cette idée est très présente dans les débats actuels, la question des déficits publics étant une préoccupation majeure. Certes, nous montrons que les immigrés sont surreprésentés parmi les bénéficiaires de certaines aides sociales, notamment pour les allocations chômage et le RMI, à caractéristiques identiques entre natifs et immigrés. Mais nous avons évalué pour l'année 2005 l'impact sur les finances publiques de la population immigrée, celui-ci était légèrement positif. La différence entre ce qu'elle verse et ce qu'elle reçoit atteint un montant de 3,9 milliards d'euros au bénéfice du budget des administrations publiques. L'explication principale provient d'une structure par âge plus jeune des immigrés par rapport aux autochtones. La même méthode appliquée à une autre année pourrait toutefois aboutir à un résultat négatif, mais toujours modéré. Nous sommes loin des résultats de Jean-Paul Gourevitch qui, avec une méthode différente, aboutit pour 2010 à un impact négatif évalué à 30 milliards d'euros.

 

 


Sarkozy veut réduire l'immigration légale à 100.000 entrées par an, Marine Le Pen à 10.000. Quel peut être l'impact d'une telle décision ?

 

 

- Du point de vue économique, il est très difficile de définir le niveau optimal de flux migratoire ou le bon niveau d'immigration pour l'économie française. Il a été question d'immigration choisie, afin de gérer au mieux les pénuries de main d'œuvre, ou d'immigration sélective, pour favoriser l'entrée des plus qualifiés. La première a été abandonnée. Quant à la seconde, elle peut avoir à court-moyen terme un impact positif pour les finances publiques. Toutefois, à long terme cet effet bénéfique, par rapport à une politique non sélective, disparaît. Les plus qualifiés vivent plus longtemps et font moins d'enfants. Ce qui sous-entend moins de recettes pour le futur et plus de dépenses [retraites].

 

 


La question de l'immigration relève-t-elle finalement davantage de considérations politiques qu'économiques ?

 

 

- Nous laissons le lecteur de notre ouvrage se faire sa propre opinion. L'immigration est quelque chose que les Français vivent au quotidien. Ils perçoivent celle-ci en fonction de leur vécu et de son image renvoyée par les médias. Il faut reconnaître que la réalité de l'impact économique de l'immigration n'est pas très bien connue parce que peu étudiée dans notre pays. Un économiste qui travaille sur ce thème en France n'a que des coups à prendre. Avec notre livre, nous ne devrions pas être épargnés. 

 

 

Lire ou relire : Les coûts réels de l'immigration pour l'économie nationale 

 

 

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