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Le Kiosque aux Canards
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“La politique vous fait chier ; soyez les bienvenus” Michel Rocard dans Snatch.

“La politique vous fait chier ; soyez les bienvenus” Michel Rocard dans Snatch.




« La politique vous fait chier, vous ne vous intéressez qu'à nos bévues mais soyez les bienvenus, démarrons cet interview et surtout ne perdez rien de cette notation ». Boom.

L'interview en question n'a pas encore débuté que Michel Rocard la joue Fat Mitch et nous balance un crochet qui détonne dans le petit bureau austère où l'ancien Premier ministre nous reçoit. Lui dire qu'il faudra nous parler de sa vie, visiblement, ça ne passe pas.

Cravate jaunasse sur costume anthracite, gitane au bec, à 80 ans bien frappés, Michel Rocard semble être une figure politique, sorti des images sépia façon INA. Et pourtant, celui que l'on appelle toujours « Monsieur le Premier ministre » squatte encore les Unes.

Chargé par Nicolas Sarkozy de conduire le projet de grand emprunt national avec Alain Juppé, Mitchell Rock'art n'a jamais été aussi hype. Une image qui colle parfaitement à ce personnage qui surplombe majestueusement le paysage politique français. Un bon prétexte pour lui demander de parler de lui. Entretien.

 

 

 

 

 

 

2604 Rocard inside

 

 

 

 

 

 

Snatch : Taxe carbone, emprunt, réchauffement climatique, aujourd'hui on vous demande votre avis sur à peu près tout. Pourquoi selon vous ? Si l'on vous dit que vous êtes devenu une sorte de figure totémique, que nous répondez-vous ?

Michel Rocard : Grand Dieu non. C'est trop dire, j'essaye de montrer dans tout ce que je fais comme homme public que je suis toujours dans l'opposition et pas d'accord avec la ligne dominante en matière économique. Nous sommes dans une crise et elle n'est pas traitée alors que 25% de la population est au chômage ou précaire. C'est criminel et dangereux.

Je reste avant tout socialiste même si le PS n'est pas dans état de santé foudroyant. J'ai accepté, parce que je crois qu'il faut que la machine tourne, que la démocratie fonctionne, de remplir des métiers pointus et ponctuels sur des tâches délimitées quand je suis d'accord. Ce n'est pas parce que je me suis occupé de la taxe carbone, les pôles ou l'emprunt national que je suis devenu une figure tutélaire. Faut pas se prendre la tête. Je n'ai pas de responsabilités globales.

Quand on parle de l'arctique, c'est ponctuel comme je le dis, ça n'intéresse d'ailleurs pas le français… Peut-être savent-ils qu'il y a des menaces de réchauffement climatique, que nous sommes dans un désordre planétaire qui pourrait bien empêcher la vie à l'époque de vos petits enfants, mon vieux. On est tous dans le coup. Si la planète devient une poele à frire, ce sera confortable pour personne. Mais il n'y a pas d'électeurs sur place [dans les pôles], donc ça paraît loin.

Vous traitez de sujets relativement différents les uns des autres. Un homme politique est-il suffisamment polyvalent pour s'attaquer à toute cette gamme de dossiers ?

A priori, la réponse est non. Mais la caractéristique de cette gamme, taxe et pôle, c'est qu'on m'a demandé de finir un boulot commencé. Pour ce qui concerne les pôles, c'est un coup de bluff diplomatique, je suis l'un de ceux qui a empêché de faire brûler du pétrole en Antarctique et faire fondre de la glace. Au nom de ce coup-là, on m'a remis en piste car j'avais acquis une forme d'expertise, un petit savoir-faire local, pas très important mais il est spécifique.

Donc on apprend aussi sur le tas ?

Oui, oui… Mais y'a pas que le tas. Il faut même lire des livres, mais évidemment qu'on apprend sur le tas, sérieusement, beaucoup… Aucun homme politique ne sait tout. J'en suis le premier d'accord.

Pour la taxe carbone, en 1990, j'étais Premier ministre, j'ai crée une mission pour étudier l'effet de serre, une mission qui existe toujours. On ne m'a pas choisi au hasard.

En parlant de sciences, votre père était physicien. Est-ce que vous avez grandit dans un environnement fait de formules et de chiffres. Avez vous baigné dans un bain de sciences ?

J'ai grandi dans un univers scientifique qui m'a intimidé au point de me faire vite comprendre que je n'étais pas doué pour ça et que donc il fallait que j'aille chercher mon destin ailleurs. Ce que j'ai fait.

Mais comment vous êtes-vous arrivé à cette conclusion ?

J'ai passé le bac grâce à l'histoire, la géo et la littérature et pas les maths. C'était assez écrasant. Alors je me suis inscrit à Sciences Po au lieu de faire une classe préparatoire aux grandes écoles d'ingénieur.

Mon père à réagit très mal, il a fait une grosse colère. Il a considéré que nous étions en rupture pendant à peu près 25 ans. On a mis longtemps à se réconcilier.

« L'oeuvre de Marx a été trahie »

Revenons à la genèse de votre carrière politique. Quelle est l'origine de votre orientation politique ? Comment s'est fait la maturation de vos idées socialistes ?

C'est trois ou quatre choses. Un : je suis d'éducation protestante par ma mère, ça m'a donné accès à une lecture de l'Evangile dans lequel la dignité non-acquisitive est une des valeurs de l'humanité. C'est resté.

Deuxièmement, j'ai à peine 15 ans au moment où on libère les camps et comme boy-scout, je suis préposé à l'accueil des rescapés. J'ai le scandale de la déportation dans la tête et j'apprends que Adolf Hitler est un élu du suffrage universel. Si on laisse faire de la politique à n'importe qui, c'est dangereux.

Troisièmement, après la rupture avec mon père, j'ai travaillé à l'usine pendant deux ans comme ouvrier tourneur-fraiseur à mi-temps avec un contremaitre militant du monde marxiste. Dix heures par semaine, deux ans durant, j'ai écouté cet homme monologuer sur la brutalité dont avait souffert la classe ouvrière tout au long de son histoire.

Vous mettez tout dans un cocktail, vous secouez et ça donne un socialiste. Ça vous va ?

Justement, quel est votre rapport au marxisme aujourd'hui ?

[Soupir puis rire] Vous êtes marrant vous, quelle belle question. Marx est un auteur important de l'humanité. Son œuvre a été trahie, détournée vers une bureaucratie centrale, un empirisme violent et dictatorial qui a fait 50 millions de morts. Rendez-vous compte ! Les idées tuent, mes chers amis.

Ce qui reste aujourd'hui, c'est son message sur le capitalisme. Les professeurs d'économie vous diront que Marx reste le meilleur des analystes du marché. Vers 1860, il écrit dans des notes que le capitalisme c'est formidablement efficace mais terriblement cruel.

Il reste qu'il est infernal et impossible de se dire marxiste aujourd'hui parce qu'il y a trop de gens incultes. Pour beaucoup, Marx, c'est Staline et toutes les horreurs des démocraties populaires. Dire que l'on se souvient de Marx aujourd'hui est une espèce de provocation qui fait dire à n'importe quel lecteur « ce type est idiot, il n'a rien compris ».

Je retourne le compliment, la plupart de ces gens n'ont pas lu Marx et n'ont rien compris, mais il faut beaucoup de culture historique pour savoir que tout ce qu'on attribue à Marx n'est pas de son fait. Il serait utile à l'humanité de retrouver un patrimoine intellectuel indispensable, qui fait réfléchir, en le débarrassant de ces scories historiques comme Staline.

Cette réponse suppose plusieurs centaines d'heures de lecture. Mais si vous dites que je suis marxiste, vous m'assassinez politiquement. Ça serait une action bête et méchante. Alors bonne chance les gars.

Faîtes nous confiance, on est peut-être un peu bêtes mais pas méchants.

Ah, non, la méchanceté est seconde, le premier facteur dans tout ça, c'est l'intelligence.

Bon. Ce rapport vis-à-vis de la pensée de Marx, vous le ressentez dès les premiers instants de votre engagement ?

Attention, je suis devenu économiste par besoin, pour comprendre quelque chose au métier qu'on me faisait faire. Je suis un administrateur et un politique de métier. C'est un métier polyvalent et peu cultivé. Il m'a fallu tâter de l'économie donc je me suis mis à lire un peu. Je n'ai aucun diplôme en la matière.

Le problème est que la crise actuelle est une crise de la science économique. Le collectif mondial d'universitaires -300 ou 400 000 personnes- s'est laissé intoxiqué par des affirmations des monétaristes selon lesquels le marché dérégulé s'auto-équilibre. La beauté de leur démonstration mathématique était totale.
Or, le marché ne s'équilibre pas !

Mais, ça, vous le comprenez quand ?

J'en avais l'intuition dès le début de ma carrière. Les idées tuent, je vous le répète ! Le grand instigateur de cette pensée criminelle est ce con devenu prix Nobel, Milton Friedman. Je dis souvent en rigolant -à moitié- que je l'aurai bien vu comme l'un des premiers accusés du tribunal pénal international pour crime contre l'humanité. Ce gars, avec une vision folle, a cassé un système régulateur qui tenait l'humanité tranquille, en croissance lente et plein emploi pendant près de trente ans, entre 1945 et 1975.

C'est monstrueux cette histoire humaine… Si le monde de la pensée, du cinéma, du roman était capable de se connecter avec un peu science économique, il ferait de tout ça le thème de la dramaturgie du monde, et de son risque d'entrée en déclin… Je crois que cette crise est totalement fondamentale.

J'ai reçu, comme social-démocrate et apprenti économiste, ce message que les gars qui nous ont traîné si loin vers les équilibres du marché, ont emmené le monde dans le fossé.

Mes premières impressions sont vérifiées. Je suis désormais dans la longue et dure conviction d'une vie, confirmée d'étapes en étapes, heureusement orientée par des intuitions qui se révélèrent justes. Ces intuitions ne sont pas un détail historique, elles m'ont guidé tout le long !

« En 1968, il fallait canaliser Cohn-Bendit »

Après vos premières années en politique dans les années 1950, comment se déroulent les années 1960, cette fois ? En 1960, rappelons que vous avez 30 ans tout rond.

Je suis jeune fonctionnaire, j'apprends un métier qui consiste à contrôler comment marche l'Etat. Il m'est arrivé d'aller contrôler un abattoir. Saint-Brieux. Dégueulasse. Vérifier que les bouchers aient bien payé leurs timbre-impôts… M'est aussi arrivé d'aller vérifier les alambics des bouilleurs de cru en cours de fonctionnement ou encore la direction de l'aide sociale de la préfecture de l'Héraut. Qu'est-ce que vous voulez que je vous raconte moi ?

Tout ça faisait parti du job de grand commis de l'Etat que vous étiez après être sorti de l'ENA ?

Quel qu'il soit, tout job de grand commis de l'Etat est une farce si ce dernier n'a pas commencé par le charbon ! Faut commencer par un métier dur et modeste qui vous plante les pieds dans la réalité. Mon métier, c'était le contrôle comptable et la statistique.

Mais ça vous plaisait le contrôle comptable ?

C'est rigolo d'aller voir un vieux paysan normand planquant son alambic au bord d'un fond de rivière et lui demander si l'alcool qu'il distille est en règle. C'est drôle quoi.

Mais bon, quelquefois, vérifier une trésorerie de l'Etat du côté d'Auxerre, je ne peux pas vous cacher que c'est ennuyeux. Mais enfin, c'est une découverte d'une partie du monde comme il fonctionne. Connaissez-vous des métiers qui ne sont jamais ennuyeux ?

Non…

Même le votre doit l'être de temps en temps. J'ai pris plaisir à faire mon métier et j'y ai pris beaucoup d'informations. La manière dont les gens acceptent ou pas de payer l'impôt, la manière dont l'impôt s'applique intelligemment ou non à leur activité, c'est fascinant à découvrir et rudement utile pour quelqu'un qui va arriver à des niveaux responsables en politique.

Justement, vous aviez déjà le désir d'« arriver en politique » ?

Pas vraiment… J'ai toujours été passionné par la chose politique. Probablement à cause de la guerre. J'ai fait mes études pendant l'occupation allemande, avec une langue que je n'avais pas choisie. A cette époque, je n'avais aucune nouvelle de mon père [Rocard senior était un résistant de la première heure, ndlr]. Ca vous bouscule un peu. La politique s'occupe de vous.

Et puis la Guerre d'Algérie arrive. Quel âge vous avez ?

24 et 25 ans.

Comme moi à l'époque, j'avais la vingtaine et je voyais mon pays devenir fou. J'ai donc voulu faire de la politique mon combat principal donc mon métier, mon gagne-pain, mais ça a pris du temps.

Six ans après la guerre d'Algérie, il y a Mai 68. Comment est-ce que vous avez traversé ce beau mois de mai ?

J'étais à ce moment le patron du PSU, petit parti socialiste et voilà que tout explose dans tous les coins. Dès le début, je comprends favorablement l'émotion autour de cette volonté des jeunes d'avoir leur mot à dire dans la société. On ne prend jamais plaisir à être commandé au jour le jour par des petits chefs qui se vengent de leur médiocrité en nous faisant chier. Ce cas est imprévu, incroyable mais totalement ludique, je suis donc à fond pour.

Mon boulot, c'est de canaliser le truc pour qu'il n'y ait pas de violence. J'étais inquiet devant les excités qui rêvaient de trop en faire, pour qui casser la gueule à un flic était une joie de vivre et une réjouissance saluée dans le festin étudiant du lendemain. Mais il n'y pas plus de société sans flics. Gérer tout ça n'avait rien à voir avec la paix de l'âme. Il fallait organiser les manifestations, discuter d'un côté avec les forces de l'ordre, canaliser, de l'autre Cohn-Bendit et Krivine.

Il fallait ne pas franchir les limites de l'attitude responsable. J'ai compris que la révolution n'était plus à l'ordre du jour et que les réformes s'arracheraient pas à pas, en lâchant les mitraillettes [sic]. Le legs sociologique de cette époque est inouï, formidable.

Est ce que vous avez le contact avec les mouvements qui ont suivi 68 ? Dans le milieu du rock, de la philo…

Chacun à son milieu, mais oui. J'ai gardé de très bons copains très longtemps, dont Serge July. Daniel, aussi, reste encore aujourd'hui un ami très proche. Il y a en a d'autres mais certains sont morts…

« Le métier de politique est devenu une chienlit »

Faisons un saut dans le temps. Par comparaison avec les jeunesses d'antan, comment considérez vous la jeunesse d'aujourd'hui ?

Les générations d'avant ont eu la chance de vivre au cours de leurs jeunes années, une série d'évènements qui vous façonnent des convictions pour la vie. Moi, c'est la guerre et mon admiration pour la résistance.

Les générations d'après ont eu avec une égale intensité en émotion la guerre d'Algérie puis Mai 68. Il manque à la jeunesse d'aujourd'hui un évènement majeur qui serait capable de marquer une génération. La jeunesse d'aujourd'hui est désespéré, elle a compris que la grève et l'anarchie colérique mal foutue n'amenait à rien. Mais quelque chose lui manque.

Ça va peut-être vous amuser mais je trouve normal que l'on ait envie d'échanger le monde brutalement entre 15 et 25 ans puisqu'il est vaguement mauvais. Mais la triple mort du communisme, de Mao et de l'espérance tiers-mondiste font que la perspective d'une vraie contestation n'est plus possible pour les jeunesses d'aujourd'hui.

Ces jeunesses sont amenées, par la raison, à se conduire plus raisonnablement et plus respectueusement des équilibres. Mais cela ne fait pas disparaître les envies de changer le monde.

Heureusement, il y a encore bon nombre de gars qui bossent en faisant preuve d'une vraie ténacité, les jeunes d'aujourd'hui qui veulent changer le monde, ils n'ont pas fait Mai 68, ils sont pas objecteurs de conscience, ils font de bonnes études, ils sont techniquement solides et ils vont à la banque mondiale, remuer les choses de l'intérieur. Et ça se voit dans les rapports bon dieu !

C'est plus long, moins simple et surtout il faut être plus compétent. Heureusement, et c'est une « surprise heureuse », c'est que beaucoup l'ont compris. Il y a juste une emmerde, c'est les médias. Vous caricaturez tout, simplifiez tout…

Forcément…

L'info pour comprendre les raisons de se battre contre le monde ne passe plus. Vous, les journalistes, vous ne rendez plus compte de cette complexité. Oui, mon bon monsieur.

Cela étant, le temps passe, je vous aime bien mais j'ai autre chose à foutre. Vous vous en foutez ? D'accord. [Sourire]

En 2010, vous êtes un politique respecté, à l'écart des turbulences politiciennes. Et à même de tirer un bilan de vos années aux responsabilités…

J'ai fait le plus passionnant des métiers. J'ai pris beaucoup de plaisir à agir, avec, somme toute, quelques coups d'éclats à la clé. La paix en Nouvelle Calédonie et la création du RMI [1988, ndlr], ça n'est pas rien.

Et puis, j'ai constamment appris des choses nouvelles. Et je réapprends aujourd'hui tout un tas de trucs avec la taxe carbone et les pôles. C'est ce qui est fabuleux avec la taxe ou les pôles. J'espère seulement avoir longtemps la santé pour tenir le rythme.

Pour ce qui est de mon bilan politique, que voulez-vous que je vous réponde ? Les très grandes choses prennent des décennies à être faites.

Plus généralement, le métier est devenue une chienlit. Désormais, rares sont les honnêtes gens qui pantouflent en politique. On n'y trouve plus que des gens qui choisissent cette carrière que pour compenser leurs échecs professionnels. Prenez ça comme vous voulez.

Aujourd'hui, est-ce que votre position de surplombant de la scène politique n'est pas le « climax » de votre carrière. Ce n'est pas plus confortable ?

Lorsque l'on est au pouvoir, il y a une espèce de prise sur la vie qui confine à la jouissance. Mais il existe aussi un certain inconfort. Quand vous êtes au sommet, c'est comme la Gravelotte, ça tombe de partout. Vous ne pouvez pas aller pisser sans vous faire engueuler. C'est infernal. Le prix à payer pour se voir donner le droit de faire est épouvantable.

Aujourd'hui, je suis plus tranquille, peinard. Je ne suis qu'un vieux monsieur qui n'a plus envie d'emmerder personne. Je suis juste heureux de voir que mon savoir-faire est respecté et peut encore s'avérer utile.

 

 

 

 

Photo : portraits de Michel Rocard (Vincent Desailly/Snatch).


Snatch-Magazine► L'interview de Michel Rocard est extraite du premier numéro de Snatch Magazine, toujours disponible en kiosque dans toute la France, 164 pp, 3,9 €.