Le Canard va se pina colader à Rikers Island, avec DSK

Le Canard attendait. Secoué par les infos de ce dimanche, il attendait. Une sortie éblouissante comme seuls les avocats américains en ont le génie - pas que les nôtres soient neu-neu, mais les zaméricains, ben ils ont les moyens d’enquêter comme l’accusation -. Il attendait une remise en question du témoignage de la victime, la découverte d’un sosie de DSK dans l’hôtel, la preuve qu’il aurait été drogué par un militant frontiste ou UMPiste au bar de l’hôtel ; bref : avant de se mettre à écrire ; Le Canard attendait.

Ben, là ; il sait plus quoi attendre.

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn plaideraient l'acte sexuel consenti, selon New York Post. Le tabloïd américain indique que l'avocat de DSK, Me Brafman aurait déclaré lundi devant la cour criminelle: "Nous pensons que les preuves ne seront pas solides pour prouver une relation sous contrainte". Une source proche de la défense aurait alors précisé qu'ils pourraient plaider le consentement. Apprenant, comme tout le monde, que les avocats de DSK partent sur une défense de consentement de la victime, cela sous entend qu’il s’est passé quelque chose. Et ça énerve Le Canard. 

Mais voir, sur nos écrans, un type qui avait un tel avenir ; son regard sombre et perdu, ses fringues fripées, ses mains menottées, bref ; des images “à charges” qui, lorsqu’on les visionne en boucle sur nos chaînes d’infos, parlent d’elles-mêmes d’un coupable et pas d’un présumé innocent. Mesure, retenue ; que dalle, car l’information passe avant la compassion. Et bien avant la compréhension. Et, comme d’hab ; peu  d’investigation, une parole policière avalée comme la vérité. Et la presse s’étonne de perdre des lecteurs...

Alors oui, il y a la victime. Si victime il y a. La compassion pour la victime est aussi importante que pour le présumé innocent à ce stade de l’affaire ; les deux ne peuvent être dissociés. Et puis, y’a les ragots collatéraux ; on apprend que Nicolas Sarkozy avait "mis en garde" DSK lors de sa prise de fonction au FMI en 2007. D'après Le Figaro, le chef de l'État avait souligné qu'il prenait ses quartiers dans un pays qui avait traqué Bill Clinton pour avoir menti sur une relation sexuelle avec une stagiaire de la Maison-Blanche. Le Canard ne parlera pas de ce mamamouchi UMPiste qui se découvre, soudainement, oie blanche et nous déclare que tout le monde savait. Si “tout le monde” savait, que n’a t’il porté plainte à l’époque au lieu de l’ouvrir maintenant que DSK est en prison.

En prison à Rikers Island. Cet établissement pénitentiaire qui se trouve sur une île de l'East River, au nord du quartier du Queens, au large de l'aéroport La Guardia. C'est l'un des plus grands complexes carcéraux du monde, accueillant quelque 14.000 personnes, soit 10 des 15 centres de détention à New York. Là aussi, que de guignoleries : la presse nous informe qu’un traitement de faveur l’autorise à ne pas porter de combinaison orange alors, qu’en fait, tous les prévenus non encore condamnés sont dans le même cas. Seule sa cellule et l’accompagnement d’un gardien dans ses déplacements sont le fait d’un statut qui, à défaut d’être inconnu à Rikers, n’est pas habituel.

Pour terminer ce billet d’humeur un peu maussade, il est revigorant de constater à la lectures des sondages d’hier, que DSK se place toujours devant Ségo dans les intentions de votes. C’est rassurant... Et ça se fête. Alors, Le Canard va se pina colader à Rikers Island, avec DSK.