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Le Kiosque aux Canards
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Mélanchon Vs Le Pen ; une double caricature

Mélanchon Vs Le Pen ; une double caricature

 

 

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Ils s'étaient visiblement préparés comme pour un match de boxe. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon s'affrontaient ce lundi matin sur BFM-TV/RMC, et ce n'était pas la Saint-Valentin.

L'héritière de son père à la tête du Front national et le président du Parti de Gauche sont arrivés avec une besace pleine de petites phrases assassines et de fiches bien faites sur leur opposant, à disséminer tout au long de l'heure de débat.

Ça a donné pour Marine Le Pen, adressé à Jean-Luc Mélenchon :
« Vous êtes la Yvette Horner de la politique , vous avez trente ans de retard. »
« Contrairement à ce que vous prétendez, vous êtes un homme du système. […] On ne peut pas résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés. »
Et Jean-Luc Mélenchon en a eu autant pour le grade de Marine Le Pen :
« Vous êtes comme Dracula, un peu de lumière et vous disparaissez. »
« Ça fait quarante ans que vous existez, vous ne servez à rien. »

En concurrence pour une partie du vote populaire
Au-delà des petites phrases, on voyait bien apparaître, dans ce round de rodage pré-campagne électorale, les stratégies qui se dessinent. Et en particulier, entre ces deux personnalités politiques, une véritable concurrence pour une partie du vote populaire qu'ils ont en commun, ceux qui rejettent le système et ne savent pas trop qui, à l'extrême droite ou à gauche de la gauche, incarne le mieux ce positionnement.

Le sondage CSA présenté en début d'émission faisait ressortir cette concurrence entre les deux candidats, avec un avantage à Jean-Luc Mélenchon qui trouve 45% de Français qui sont « parfois ou souvent » d'accord avec lui, contre 38% à Marine Le Pen.

Le débat sur l'euro a peut-être été celui qui a fait ressortir le mieux cette concurrence. Entre une Marine Le Pen qui prône la sortie de l'euro et une dévaluation compétitive pour cesser de mettre les travailleurs français en concurrence avec les autres au sein de la zone euro, et un Jean-Luc Mélenchon, un peu embarrassé par son soutien passé au traité de Maastricht, qui reste attaché à une monnaie commune européenne mais réclame un Smic européen, lui aussi pour atténuer la mise en concurrence libérale des travailleurs.

Cherchant à apparaître comme la seule personnalité politique extérieure au « système », la dirigeante du Front national a tout fait pour faire apparaître Jean-Luc Mélenchon comme un « homme du système » : elle lui a donné régulièrement du « monsieur le ministre » et en le rendant co-responsable de la mondialisation dans laquelle les socialistes français ont contribué à faire entrer la France. Les piques ont parfois fait mal.

Marine Le Pen a notamment essayé de pousser Jean-Luc Mélenchon à reconnaître qu'il appellerait à voter pour le candidat de gauche au deuxième tour, même si c'est Dominique Strauss-Kahn, alors qu'elle n'appellerait pas à voter pour Nicolas Sarkozy. Mélenchon s'en est tiré avec une pirouette, déclarant d'abord qu'il ne pensait pas que DSK serait candidat, et que s'il l'était, c'est lui, Mélenchon, qui serait en tête à gauche au premier tour…

Démagogie populiste

Mais Jean-Luc Mélenchon n'a pas eu trop de difficultés à démolir les propositions économiques de son adversaire : c'était plus facile que sur l'immigration et l'islam, les deux sujets qui ont occupé la première demi-heure de l'émission, sujets sur lesquels Marine Le Pen a plus de capacité à surfer sur une démagogie populiste. Récupérant même l'arrivée de Tunisiens sur l'île de Lampedusa ces derniers jours comme le signe que nous vivons dans un monde dangereux qui exige le repli national.

Jean-Jacques Bourdin a cru les mettre d'accord en les qualifiant tous deux de « décomplexés » en fin de débat, tout en agitant le chiffon rouge du récent dessin de Plantu dans L'Express qui présentait Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon comme les deux facettes d'un même populisme.

« Ignoble », s'est exclamé Mélenchon qui cherche à trouver la voie étroite entre l'héritage de la gauche, finissant sur Jaurès et se réclamant de l'internationalisme, alors que Marine Le Pen a dit l'avoir pris avec humour.

Plantu se trompait en les mettant sur le même plan : le débat de lundi a montré qu'ils ne sont pas d'accord sur grand-chose, à part le fait qu'ils se battent pour le même électorat et avec la même dénonciation du « système ». C'est ce qui les rapproche et les rend concurrents, pas pour autant semblables.