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Le Kiosque aux Canards
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Sarkozy dans le bureau du juge depuis ce matin 9h00

Sarkozy dans le bureau du juge depuis ce matin 9h00

 

 

 

 

 

affaire bettancourt-lekiosqueauxcanards

 

 

 

 

 

Si, comme semblent le soupçonner les juges, Nicolas Sarkozy a eu du mal à résister à la tentation de garder un œil sur l'affaire Bettencourt, le voilà servi ! Ce matin à 9 heures, l'ancien chef de l'État sera au plus près du dossier. Au sous-sol du palais de justice de Bordeaux, dans le cabinet du juge Jean-Michel Gentil. Motif : convocation en vue d'une première comparution.

 

Au début, pourtant, l'affaire Bettencourt n'était qu'un banal dossier d'abus de faiblesse. Avec cette spécificité qu'il concernait la femme la plus riche de France. L'héritière du groupe L'Oréal, Liliane Bettencourt, que sa fille Françoise soupçonnait de se laisser spolier par le photographe François-Marie Banier.

 

Loin d'une affaire d'État. À un détail près : la famille Bettencourt était déjà connue pour ses largesses dans le financement des campagnes électorales. De droite comme de gauche. Le grand déballage issu du règlement de comptes entre la mère et la fille fera le reste.

 

 

Des débuts à la Balzac

 

 

En cherchant à établir la vulnérabilité de sa mère et les étranges sollicitations dont elle faisait l'objet, Françoise Meyers-Bettencourt révèle en effet une peinture de la haute société que n'aurait pas reniée Balzac. Un tableau où se côtoient notamment le ministre du Budget d'alors, Éric Woerth, et le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, sur fond de fraude fiscale et de financement de partis politiques. Le tout sous l'œil du personnel, visiblement peu enclin à la discrétion.

 

En planquant un magnétophone sous la table lors des conversations entre Patrice de Maistre et la milliardaire, le majordome de celle-ci met dans le mille. On entend par exemple qu'entre le procureur Courroye, l'Élysée et la maison Bettencourt, le secret de l'instruction n'avait pas plus de valeur qu'au sein d'une armée de Polichinelles.

 

Et quand la comptable Claire Thibout en remet une louche en affirmant que Patrice de Maistre lui avait demandé 150 000 euros pour les remettre à Éric Woerth afin de financer la campagne de Nicolas Sarkozy, c'est bien le sparadrap du capitaine Haddock qui vient de glisser sur la Rolex du chef de l'État.

 

Saisi du dossier, le juge bordelais Jean-Michel Gentil n'aura de cesse de trouver Nicolas Sarkozy dans son horizon. Pendant deux ans, le juge vérifie. Croise les éléments. Le témoignage de la comptable, d'abord. Puis les retraits faramineux de Patrice de Maistre, soit 4 millions sur les comptes suisses de la milliardaire. À quoi ont-ils servi ? À qui ?


 

Coïncidences troublantes

 

 

Dévoilant ses intentions, le juge n'hésite pas à citer abondamment le nom du chef de l'État dans une ordonnance de saisine du juge des libertés et de la détention concernant Patrice de Maistre. Il fait également saisir les comptes de campagne. Perquisitionne même les locaux de l'UMP. En retour, Nicolas Sarkozy fait envoyer ses agendas attestant qu'il ne s'est rendu qu'une seule fois chez les Bettencourt. 

 

Riposte du juge : une nouvelle perquisition chez Nicolas Sarkozy, cette fois. Puis il fait auditionner ses proches, dont l'ancien procureur Philippe Courroye.

 

La chronologie qu'il établit à partir de ses investigations comporte des coïncidences troublantes. Notamment autour d'un retrait de 400 000 euros en février 2007, quand s'imbriquent un voyage en Suisse du gestionnaire de fortune, une réunion du premier cercle et un « café » avec Éric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy.


 

Des échos sur son agenda


 

Le juge découvre également que chaque événement clé de l'affaire Bettencourt trouve un écho sur les agendas du chef de l'État, soit sous forme de réunions restreintes avec son équipe juridique, soit directement avec le procureur Courroye.

 

Cela suffira-t-il à sceller le sort de Nicolas Sarkozy ? Pas sûr. Sans doute conscient du problème de prescription qui couvre d'éventuels délits de financements politiques illégaux, le juge n'a convoqué l'ex-chef de l'État que dans le volet plus large d'abus de faiblesse. Il est par ailleurs toujours possible, pour le magistrat, de placer Nicolas Sarkozy sous le statut plus léger de témoin assisté. Mais une chose est sûre. Aujourd'hui, l'ancien président de la République n'évitera pas les questions qui fâchent.


 

Une convocation sous haute protection 


 

Hier après-midi, un hélicoptère a effectué plusieurs rotations au-dessus de la ville de Bordeaux. Aussitôt, les commentaires sont allés bon train. Forcément, cela devait avoir un lien avec la venue programmée de Nicolas Sarkozy. Eh bien non, cela n'avait absolument rien à voir. 

 

Depuis plus d'une semaine maintenant, la convocation de l'ancien président de la République suscite un engouement médiatique sans précédent. Dès le lever du jour, toutes les issues du palais de justice sont assaillies par une nuée de photographes et de cameramen à la recherche d'une image des juges chargés de l'affaire Bettencourt et, bien entendu, de Nicolas Sarkozy s'il venait à franchir les grilles de l'enceinte judiciaire. 

 

Une rumeur chassant l'autre, il a même été annoncé que des policiers du SPHP, le Service de protection des hautes personnalités, avaient inspecté le cabinet du juge Jean-Michel Gentil. Ce qui n'a pas été le cas.


 

Montrer patte blanche


 

En revanche, aujourd'hui, des membres de la protection rapprochée de l'ancien chef de l'État, tous issus du GSPR, le Groupe de sécurité pour la protection du président de la République, l'accompagneront comme ils le font au quotidien.

 

Dès son arrivée sur le tarmac de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, Nicolas Sarkozy devrait être discrètement escorté jusqu'au palais de justice, où une demi-compagnie de CRS, soit environ 30 fonctionnaires, feront barrage pour permettre aux véhicules de s'engouffrer dans la souricière qui mène au sous-sol du tribunal de grande instance et aux couloirs protégés de la juridiction interrégionale spécialisée.

 

Une trentaine de policiers en tenue et en civil de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) seront également présents pour filtrer les accès à la salle des pas-perdus, tant au niveau du TGI, rue des Frères-Bonie, que de la cour d'appel, place de la République, où doivent se tenir des audiences. Il faudra montrer patte blanche pour franchir les portiques de sécurité.


 

La presse étrangère aussi

 

 

Les journalistes ne seront pas les bienvenus « mais de toute façon, personne ne verra rien car le cabinet du juge n'est pas visible », relève un policier.

 

De nombreux médias nationaux ont dépêché des envoyés spéciaux mais la presse étrangère sera également présente pour tenter d'obtenir un scoop. Des reporters anglais, espagnols, japonais et russes sont annoncés. Hier soir, des camions de télévision étaient déjà installés. Les journalistes devaient passer la nuit sur place pour ne rien rater.

 

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