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Le Kiosque aux Canards
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Berlusconi part sous les huées ; le premier des nabots de droite européen ouvre la marche au second.

Berlusconi part sous les huées ; le premier des nabots de droite européen ouvre la marche au second.

 

 

 

 

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Accusé d'avoir miné la crédibilité de son pays, le magnat des médias, 75 ans, a remis sa démission après l'adoption par le Parlement de mesures économiques destinées à rassurer les marchés et ses partenaires internationaux.

 

Elle a été acceptée par le président de la République Giorgio Napolitano qui devrait, sauf énorme surprise, nommer dimanche à sa place l'ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans.

 

Comble de l'humiliation, le Cavaliere a dû quitter le palais présidentiel du Quirinal par une porte dérobée alors que devant l'entrée principale des manifestants applaudissaient et hurlaient de joie en criant "bouffon, bouffon!".

 

Il avait été accueilli moins d'une heure plus tôt aux cris de "va te faire f...", "mafieux!", "honte!", "prison!" "c'est fini!"... ou encore "primavera, primavera" (printemps! printemps), dans une allusion aux révolutions arabes qui ont renversé des dictateurs.

 

A des proches, il a confié sa "profonde amertume", selon l'agence italienne Ansa.

 

Peu avant minuit locales (23H00 GMT), les klaxons continuaient à résonner dans la capitale, où des Romains de tous âges sautaient et faisaient des farandoles dans une atmosphère bon enfant, digne d'un succès des Azzurri -l'équipe italienne- à la coupe du Monde.

 

Dès l'après-midi, une foule avait envahi divers symboles du pouvoir à Rome aux cris de "Démission, démission". Certains brandissaient des drapeaux italiens tricolores -vert, blanc, rouge- , d'autres arboraient des pancartes "Bye-bye Silvio!", "Disparais!" et "Enfin!".

 

Sur la place du Quirinal, un orchestre improvisé, dont les musiciens et choeurs s'étaient retrouvés sur internet, avait plus pacifiquement entonné un bel Alleluia de Haendel.

 

"Aujourd'hui, nous sommes ici parce que nous sommes très, très heureux que Berlusconi, finalement, rentre chez lui! Qu'il retourne à la maison!", déclarait une manifestante au milieu d'un concert de sifflets. "Ciao, et surtout, ne reviens pas!" lançait un autre.

 

Quelques manifestants ont toutefois applaudi le président du Conseil. Il "est unique, inoubliable. Il n'y a personne à la hauteur", déclarait Massimo della Seta, un ouvrier de 25 ans. "On se sent orphelins", déplorait Maria Teresa Borghelli, 54 ans.

 

"Aujourd'hui le rideau tombe sur une page longue et douloureuse de notre histoire", a déclaré de son côté Dario Franceschini, du Parti démocrate, le principal parti d'opposition.

 

De son côté, Fabrizio Cicchitto, du Peuple de la Liberté (PDL), le parti de M. Berlusconi, a affirmé que ce dernier avait accepté de démissionner "alors qu'il n'était pas obligé de le faire".

 

"Il a démontré une conscience nationale, nous l'en remercions et lui exprimons notre solidarité pour les attaques dont il a fait l'objet", a-t-il ajouté sous les huées de nombreux députés.

 

Porté en triomphe lors de son entrée en politique il y a 17 ans, lors de la création de son parti "Forza Italia" (Allez l'Italie!), M. Berlusconi était affaibli depuis des mois par trois procès -pour corruption, fraude fiscale et prostitution de mineure-, les scandales sexuels et l'étiolement progressif de sa majorité.

 

Avec une cote de popularité qui s'était écroulée à 22%, le Cavaliere a perdu la majorité absolue mardi à la Chambre des députés.

 

Il part sous la pression des marchés et une envolée des taux qui menace l'Italie d'asphyxie financière. Devant la crainte d'une contagion qui fait frémir l'Europe et la planète, le pays a été placé sous le contrôle du FMI, de l'Union européenne et de la Banque centrale européenne.

 

S'exprimant en marge d'un sommet de l'Asie-Pacifique à Hawaii, M. Obama s'est dit "satisfait de constater que les dirigeants européens prenaient au sérieux la nécessité de résoudre non seulement la crise grecque mais aussi la crise de la zone euro en général".

 

"Il y a eu des évolutions positives pendant la semaine écoulée: un nouveau gouvernement potentiel en Italie et un nouveau gouvernement en Grèce, déterminés tous deux à mettre en oeuvre des réformes structurelles qui pourront redonner confiance aux marchés", s'est-il réjoui, peu avant la démission de M. Berlusconi, tout en estimant que l'Europe avait encore du travail à faire pour stabiliser la situation financière de la zone euro.

 

Peu avant, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait salué les "progrès significatifs" en Grèce et en Italie.

 

A Rome, tout se joue pour quelques heures encore au Quirinal, où M. Napolitano a appelé les forces politiques à "agir avec responsabilité", tandis que le gouvernement sortant est chargé d'expédier les affaires courantes.

 

Selon un agenda transmis par le Quirinal, le chef de l'Etat, 86 ans, va passer toute la journée de dimanche à consulter l'ensemble des formations politiques du pays. La nomination très probable de M. Monti au poste de président du Conseil ne devrait donc pas intervenir avant la soirée de dimanche, voire lundi.

 

Des tractations difficiles sont à attendre alors qu'une partie de l'actuelle majorité renâcle à soutenir un gouvernement de transition ouvert à l'opposition et réclame des élections anticipées.

 

"Pour tout l'or du monde, je ne ferai jamais partie d'un exécutif avec des représentants de gauche", s'est énervé le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, ex-néo-fasciste.

 

Et Silvio Berlusconi, qui a pourtant apporté son soutien à M. Monti et l'a reçu pendant deux heures à déjeuner samedi, n'a pas perdu la volonté de se battre: "Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons", a-t-il dit à ses proches.