“Vrai/faux, respect des règles, courage, franchise, droit à l'intimité” : à l’école mais pas au gouvernement.

Interrogé sur un possible "retour de la leçon de morale" par une lectrice du Parisien, le ministre répond "Oui, je fais revenir la morale à l'école". "La circulaire qui parait ce jeudi est destinée à toutes les classes de primaire", précise-t-il.

"Pas forcément tous les matins, mais le plus régulièrement possible, le maître va maintenant consacrer quelques minutes à un petit débat philosophique, à un échange sur la morale", assure M. Chatel, évoquant comme sujets possibles "le vrai/le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l'intimité". Et ce afin que le professeur "transmette un certain nombre de valeurs".

Le ministre, qui tiendra sa conférence de presse de rentrée jeudi, qualifie de "grave erreur" la suppression de l'éducation civique après 1968 et se déclare "favorable à ce qu'on évalue l'instruction civique au baccalauréat".

Il est en revanche peu interrogé sur la principale controverse de la rentrée, portant sur la suppression annoncée de 16.000 postes, touchant particulièrement les écoles maternelles et élémentaires. Sur ce thème, Luc Chatel rétorque que "le défi de l'école aujourd'hui, c'est moins celui de la quantité que de la qualité".

Après 50.000 suppressions entre 2007 et 2010, 16.000 sont prévues en cette rentrée, avant 14.000 en 2012, soit au total 80.000. Syndicats, parents d'élève et élus locaux de toute tendance politique contestent fortement ces mesures. 

Quand la question est posée au ministre : « La France consacre 21 % de son budget à l’Éducation. C’est plus que beaucoup d’autres pays qui réussissent pourtant mieux que nous dans ce domaine. En trente ans, le budget par élève a augmenté de 80 %. Contrairement aux idées reçues, les moyens sont là ! Mais justement, ce n’est plus le seul problème. Le défi de l’école aujourd’hui, c’est moins celui de la quantité que de la qualité. »

Donc, la solution est, pour nos UMPistes ; moins d’enseignants et plus de morale. Mais quelle morale ? Celle détaillée partiellement par le ministre ?  "le vrai/le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l'intimité" ? Le Canard veut bien considérer ces règles comme primordiales pour “une” morale ; mais le principal n’est elle pas que le respect de ces règles soient visible chez celles et ceux issus du gouvernement qui souhaite les faire apparaître dans le programme scolaire ? 

Monsieur le ministre pourrait, sans doute, nous expliquer comment traiter le vrai/le faux dans l’affaire des déplacements privées d’une ancienne ministre dans la Tunisie en pleine révolution. Il pourrait développer l’exemple du respect des règles pour l’achat d’un terrain mitoyen d’un hippodrome dans la commune d’un ancien ministre. Concernant le courage, il devrait nous développer celui qu’il a fallu pour accueillir sous une tente un dictateur avant, quelques courtes années plus tard, lui envoyer des bombes sur la tronche. La franchise ? Et bien pouvons nous la trouver dans les dernières réformes où on met en avant les “micro” taxes sur les “super” riches, sans parler du rehaussement masqué de la CSG pour tout le monde, même les plus défavorisé.

Quant au droit à l’intimité  : là, Le Canard donne sa langue au chat... Ah oui : peut être se faire discrètement enculer par un gouvernement qui ne tient pas ses promesses depuis quatre ans et dont la grande réussite fut d’arriver à dresser les Français les uns contre les autres.

La morale à l’école ? Pourquoi pas. Au moins, nos chers nains pourront juger dès leur plus jeune âge combien elle est inexistante ailleurs.