Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Kiosque aux Canards
Le Kiosque aux Canards
Menu
L’héritage Sarkozy continue : 19 millions de subventions filés aux copains avant son départ

L’héritage Sarkozy continue : 19 millions de subventions filés aux copains avant son départ

 

 

 

 

 

lekiosqueauxcanards-nicolas-sarkozy.jpeg

 

 

 

 

Avant l’arrivée de François Hollande, Sarkozy a dilapidé intégralement les 19 millions d’euros de la réserve ministérielle, crédits mis à disposition de l’Elysée pour toute l’année 2012 et destinés à aider les collectivités locales dans le besoin.


 

Tant pis pour la tradition républicaine du prorata temporis 

 

 

Ce sont exactement 18 952 326 euros qui ont été engloutis entre le 1er janvier et le 15 mai, date de l’installation du nouveau président de la République. Le rythme de ce chapardage un peu grossier s’est même accéléré dans les jours qui ont précédé la passation des pouvoirs. Et tant pis pour la tradition républicaine qui veut que l’équipe sortante se contente d’utiliser les fonds disponibles au prorata temporis et laisse le reste à ses successeurs…

 

Le hold-up est d’autant plus remarquable que l’ Elysée n’avait juridiquement aucun droit sur cette ligne de crédits votée par le Parlement pour subventionner des “travaux divers d’intérêt local” . Surnommée “réserve ministérielle” par les spécialistes, elle constitue le pendant gouvernemental de la réserve parlementaire, qui permet aux députés et sénateurs de distribuer des subventions aux collectivités de leur choix. Et de s’acheter ainsi des fidélités à bon compte.


 

Sarkozy avait déjà transféré le pognon de l’Intérieur à la Présidence

 

 

Inscrits dans un obscur sous-chapitre du budget du ministère de l’ Intérieur, ces crédits sont placés sous la tutelle de la Direction des collectivités locales, laquelle avait pour mission – avant l’arrivée de Sarkozy – d’arroser l’ensemble des partis politiques, tout en privilégiant les élus proches du pouvoir en place.


Mais en 2008, l’ Elysée a mis la main sur ce pactole. Ne faisant confiance qu’à lui-même et à ses collaborateurs directs, Sarkozy a décidé de contrôler personnellement les attributions de subventions. Par lettre du 21 octobre 2008, il a annoncé à Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’ Intérieur, que ce bel argent ferait désormais l’objet d’une programmation décidée au niveau de son cabinet. Bon prince, Sarkozy a quand même laissé quelques millions à la disposition de Matignon, de Bercy, et de l’ Intérieur. Ils ont été, eux-aussi, intégralement dépensés ( voir Qui a bénéficié de la réserve ministérielle de Sarkozy ? ).

 

 

Alors ? Qui sont les bénéficiaires de la gentillesse présidentielle ?


 

Les bénéficiaires de la réserve ministérielle ont été sélectionnés avec soin par Nicolas Sarkozy, comme en témoigne la liste des 627 subventions distribuées par l’ex-président en 2012. Tous les dossiers, sauf un, ont été présentés par des personnalités de droite à Nicolas Sarkozy ou à son directeur de cabinet. La seule exception concerne Claude Bartolone, alors président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, qui a décroché – Dieu sait comment – 114 000 euros pour aider son département, en quasi-faillite.

 

 

Les autres sollicitations provenaient de députés, de sénateurs ou de petits chefs UMP désireux de bétonner le terrain avant les législatives de juin 2012. Histoire de cajoler dans les sens du poil les électeurs et les maires de leur circonscription, ces quémandeurs ont décroché une subvention élyséenne pour refaire une route, une église ou une bibliothèque… Naturellement, ce sont surtout des communes dirigées par des élus de droite ou sans étiquette qui ont été arrosées. Mais quelques maires de gauche, dragués par l’ UMP, ont pu ramasser des miettes.


 

Les élus se sont servis eux-même


 

Les élus qui ont tendu la main se sont d’abord servis eux-mêmes. Dans l’ Oise,Eric Woerth, ancien trésorier de l’ UMP persécuté par les magistrats qui enquêtent sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy ( voir Financement illégal de la campagne de Sarkozy en 2007), a obtenu 340 000 euros pour sa commune de Chantilly, plus connue pour son champ de courses huppé que pour son extrême pauvreté. L’ex-ministre Marc-Philippe Daubresse s’est, lui-aussi, auto-pistonné et a empoché 300 000 euros pour sa ville de Lambersart ( Nord).

 

De son côté, Jean Castex, alors secrétaire général adjoint de la présidence de la République et candidat aux législatives dans les Pyrénées Orientales, a raflé 228 000 euros, à partager entre 3 communes du département. En pure perte électorale: c’est un socialiste qui a été élu à sa place. Nadine Morano, ministre de la Formation professionnelle sous Sarkozy, et l’ex-secrétaire d’ Etat Laurent Hénart n’ont pas été plus chanceux en Meurthe-et-Moselle: malgré 1 102 300 euros distribués à 39 collectivités locales, l’un et l’autre ont perdu leur mandat parlementaire.


 

550 067 euros pour Jean-François copé

 

 

En Seine-et-Marne, Jean-François Copé a eu la main plus heureuse: il a été brillamment réélu, après avoir décroché 54 subventions pour un montant total de 550 067 euros. François Baroin a appliqué la même recette victorieuse dans sa circonscription de l’ Aube, avec 258 000 euros de subvention.

 

Gagnants, eux-aussi, les ex-ministres Dominique Bussereau ( Charente-Maritime), Laurent Wauquiez et une dizaine d’autres députés UMP. Une bonne pluie de subventions avant le scrutin a fait prospérer leur score électoral…

 

L’ Elysée a aussi pris soin d’abreuver quelques élus centristes qui menaçaient de faire sécession avant la présidentielle. Le patron du Nouveau Centre, Hervé Morin, a ainsi touché une subvention de 167 500 euros pour sa commune d’ Epaignes ( Eure). Ses amis de Loir-et-Cher Maurice Leroy et Nicolas Perruchotont eu droit à 571 000 euros de subventions pour arroser leurs fiefs électoraux.

 

Si Le Kiosque aux Canards avait su, il aurait demandé une super subvention à Sarkozy avant la campagne, pour être moins agressif avec lui... Non, il n’aurait pas pu...

 

Le Kiosque aux Canards
Subvention Sarkozy
Réserve ministérielle
19 millions d’euros